16 janv. 2007

Psycho arena (3)

Dans l’arène, certains tentaient de se débarrasser de leur bâillon en l’avalant mais il leur restait en travers de la gorge. Ils émettaient alors des gémissements amusants. Les spectateurs s’émouvaient à la vue de tant d’efforts et congratulaient chaleureusement les gladiateurs illusionnés. Pendant ce temps, notre héros continuait à patauger, à chercher des jambes ou des bras auxquels il pourrait se raccrocher. Qui sait, parviendrait-il à les entraîner avec lui au fond et leur offrir leur lot de souffrances. Ils pourraient alors y goûter et apprécier tout comme lui leur saveur persistante. On s’y habituait rapidement et on en redemandait. Mais il n’y avait pas de parties humaines à proximité. Elles étaient rassemblées dans les tribunes et se réjouissaient devant tant de spectacle gratuit. Ce jour là, ils avaient fait leurs paris et ne perdaient pas une miette de la représentation.

C’est alors qu’eut lieu le clou du spectacle : le reality-show. Il n’était pas attendu et surprit tout le monde. Les barrières tombèrent et les spectateurs se retrouvèrent mélangés à la masse des gladiateurs. Plus rien ne pouvait être distingué dans le mélange grouillant qui se forma dans l’arène. Rapidement, la violence se généralisa par mouvements ondulatoires. Une masse colorée grondait et s’assommait. En réalité, il n’y avait rien de plus drôle dans la vanité de leurs débattements. Leur surprise avait la fraîcheur de la naïveté. C’était ce qu’il aimait. Il était temps pour lui de se retirer et de redevenir passif. Son piège avait réussi et il tenait là une belle prise. Cette scène allait alimenter son imagination au moins pendant une semaine. L’inspiration lui revenait et il ressentait des picotements dans les doigts. Il allait maintenant peindre le monde, et en couleurs. Il était libre, au moins pour un certain temps.

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