Wanted ... pavé! James Joyce
Gavrix refait une apparition après s'être extirpée de recherches laborieuses sur le droit de citation sur un blog (rappelez-vous que Gavrix vous avait promis de partager facétieusement des extraits de ses lectures). Il semblerait que s’il n’y pas trop de danger à citer des œuvres littéraires « tombées » (cruellement ?) dans le domaine public, les choses se corsent dès qu’il s’agit de productions littéraires récentes.
Mais… paraît-il, sommes-nous toutefois autorisés à reproduire de courtes citations, pourvu qu’elles s’inscrivent dans une seconde œuvre originale qui doit elle-même, je cite, avoir « un caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information »… Ce qui est bien sûr le cas de « groins, nœuds et jeu de dés » (je vous laisse déterminer le caractère de ce billet). Pour plus de détail, vous pouvez parcourir le billet dont est extraite cette citation ou aller sur le site droitdunet.fr.
Mon billet d’aujourd’hui concerne un auteur qui devrait bientôt tomber dans le domaine public. Cet auteur a eu le mérite d’avoir écrit un pavé, qui dépasse les 1000 pages. Ne faisons pas durer le suspense, il s’agit d’Ulysse de James Joyce.
Inutile de parler des innovations stylistiques de l’écrivain ni de la parution initiale controversée du roman. Ulysse est l’une de ces œuvres littéraires qui s’est simplement distinguée de la masse en offrant au lecteur de la nouveauté. Que lui a-t-il été demandé en échange ? Braver le défi des mots et oser s’attaquer à un pavé.
J’ai découvert Ulysse après que des personnes attentionnées m’aient parlé d’un roman difficile d’accès, parfois incompréhensible et incohérent. Rien d’étonnant à ce que j’ai eu abandonné ma première lecture à la vingtième page. Ce n’est que plus tard que j'ai compris que cette apparente inaccessibilité n’existait que pour cacher un édifice ludique et divertissant.
Par le plus grand des hasards, les pages d’Ulysse se sont ouvertes sur une citation contenant le mot « groin », quel signe du destin ! Je vous la livre ici (à titre d’information bien sûr) :
« Stephen Dedalus observait à travers les toiles d’araignées de la fenêtre les doigts du lapidaire qui éprouvaient le métal d’une chaîne oxydée. Couche de poussière sur les vitres, sur les planches de la devanture. Doigts gris de poussière avec des ongles de rapace. Poussière somnolant sur les torsades de bronze et d’argent, les losanges de cinabre, les rubis, pierres lépreuses et rouge vin.
Tout cela né dans la nuit grouillante de la terre, étincelles congelées, feux maléfiques des ténèbres. Là les archanges déchus jetèrent les étoiles de leurs fronts. Des mains, groins fangeux, qui fouissent et fouissent, les agrippent et les extirpent. »
James Joyce, Ulysse, Editions Gallimard .
Enfin, pour rebondir, voici le lien vers la fondation Martin Bodmer en Suisse qui réunit des manuscrits et éditions originales d’œuvres constitutives de l’humanité depuis la nuit des temps. Y figure un exemplaire de l’édition originale de Ulysses, publiée en 1922 à Paris par Shakespeare&Co.
Attention! Si vous avez aperçu un pavé intéressant, merci de me communiquer son signalement.
A bientôt, Gavrix
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