Psycho arena (1)
Le névrosé apparut seul sur le plongeoir, releva sa capuche et ajusta son bâillon. Tant que le bâillon restait en place, il pouvait continuer de grimacer à sa guise, il restait inoffensif. Cela faisait des heures qu’il restait braqué sur son vide intérieur et y écoutait son propre écho, il était temps de se montrer au public.
L’animateur s’époumonait dans l’arène : « Chers spectateurs, êtes-vous sensibles aux grimaces ? N’ayez crainte, les grimaces sont touchantes car elles sont vaines. »
Pendant ce temps, il restait confiné. Son isolement le libérait des influences qui le rongeaient. Il en avait suffisamment avec son altération interne pour ne pas tolérer d’intrusion. Sa suprématie intérieure devait rester intacte. Elle n’allait pas être abîmée ce jour là, c’était essentiel pour lui. En réalité ce n’était pas un type triste mais un voyageur intérieur, comme on en rencontre plein de nos jours. Pas des êtres méchants ou gentils, mais des êtres surpris, résignés et veules. Comme ceux de l’arène. Projetés dans leur gouffre existentiel malgré eux. Suffisamment déstabilisés par leur propre réflexion, suffisamment donneurs de leçons. C’était d’ailleurs leur seul tort : donner des leçons.
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