25 févr. 2007

César et grommellements

Hier soir eut lieu la traditionnelle cérémonie de remise des César, consacrant en France les meilleurs films et artistes du cinéma pour l’année qui vient de s’écouler. Etant donné qu’un sacrifice humain était nécessaire pour visionner cette cérémonie, Gavrix s’y colla avec tout l’enthousiasme du reporter blogueur (installé confortablement devant le petit écran), afin de vous relater l’ambiance qui régnait lors de ces réjouissances cinématographiques.

Pour commencer, Canal nous proposa des interviews préliminaires de célébrités cueillies sauvagement à la sortie du tapis rouge. Nous eûmes donc droit à des acteurs masquant maladroitement leur appréhension, derrière des airs de décontraction condescendante (tels Jean Dupotager et Jamel Defiente). Gavrix aurait préféré écouter ces entretiens passionnants en voix-off et savourer pendant ce temps les arrivées des stars. Apparemment, certains chanceux parvenaient à fuir astucieusement les caméras de Canal et rejoindre la salle sans essuyer les questions farceuses de l’interviewer.

Une fois installés, nos saltimbanques offrirent leurs mines déconfites aux caméramans intermittents du spectacle, que la production avait placés aux endroits stratégiques afin de rembourser aux acteurs leur contraventions (et oui, sacré Dany Toon, quel sketch hilarant). Les mines starifiées exhibaient donc leur joie de vivre, manifestement contents de faire partie du spectacle. Une Valérie Lequincailler anormalement anorexique fut chargée de présenter la soirée. Gavrix appréciât d’ailleurs sa prestation courageuse, notamment lorsqu’elle exécuta merveilleusement la chorégraphie de Rabbi Jacob. Quelle dévotion, quel professionnalisme, bravo Valérie !

Pendant que nos professionnels du divertissement dépressifs comptaient les minutes qui les séparaient de la fin, Jude Rule, lui, ne perdait pas une miette du spectacle. En effet, le milieu du cinéma français avait décidé de le consacrer cette année pour l’ensemble de sa carrière (honneur nécessaire apparemment car Gavrix ignorait que Jude avait tourné dans plus de 30 films déjà).

Quelle surprise de le voir ensuite déclamer son discours en français très correct. Apercevant les visages désorientés de l’assemblée, il se sentit obligé d’annoncer que ses parents habitaient en France. Et cette chère Valérie qui s’était amusée à faire des gags avec le prénom de Jude ! A la fin du discours, Jude ne manqua pas de nous féliciter pour notre culture et nos « vins de la vallée de la Loire », ce dont nous lui avons été reconnaissants.

Mais alors que je commençais à m’endormir devant ma télé, un gentil monsieur vint dérider toute la salle en exécutant des gestes ambigus sur la statuette qu’il venait de recevoir pour le César du Meilleur film étranger. Nos saltimbanques ayant saisi toute la finesse du geste, rirent abondamment et nous montrèrent enfin qu’ils étaient bien présents depuis le début, attentifs à tout ce qui se passait dans la salle.

A ce stade, je pleurais d’émotion face à tant de conscience artistique et de saine gaîté venant de personnes sensibles et passionnées. Ils étaient tellement impatients de connaître le lauréat du César du Meilleur Film, que la production décida d’accélérer le processus. Les célébrités convoquées pour annoncer les gagnants enchaînèrent désormais deux César au lieu d’un.

Finalement, Groins et nœuds apprit que principalement cinq films furent projetés dans les salles françaises durant l’année (Lady Chatterley, Ne le dis à personne, Les indigènes, Cœurs et Quand j’étais chanteur). C’est donc le mouchoir trempé de larmes que je compris que je n’avais rien compris à la grandeur du cinéma français.

Gavrix espère avoir traduit fidèlement l'atmosphère de cette soirée. Quant aux résultats, je vous renvoie au site officiel. Si je devais décerner le César du meilleur remerciement, il serait pour la lauréate du César du meilleur costume. Une intervention toute laconique, qui avait le mérite d’être modeste : elle remerciait simplement les personnes qui avaient travaillé avec elle sur les costumes, et non pas, comme certains, leur arrière grand-père et le mari de leur coiffeuse qui avaient éveillé en eux leur vocation artistique.

Enfin, je me permets de décerner mon César personnel au meilleur film de l’année : « Enfermés dehors » d’Albert Dupontel.

Grommellements.
Gavrix

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Atmosphère, atmosphère... fidèlement traduite !
Un blog comme j'aime, clap clap clap.