23 mars 2007

Divers wharolismes...

Certains lecteurs de Groins&Nœuds ont pu se complaire dans le bonheur de lire les histoires de Gavrix. Je suis contrainte de les tirer de leur torpeur pour leur signifier que Groins&Nœuds est loin d’être un blog monocentré. En effet, Gavrix se plaît également à partager ses lectures avec son précieux lectorat.

Ainsi, j’émerge de la lecture d’un recueil d’entretiens (couvrant une période allant de 1962 à 1987) avec Andy Warhol publié chez Grasset. Ces entretiens s’avèrent passionnants car révélateurs de l’évolution du discours de l’artiste tout au long de sa carrière. Truffés de petites finesses, de contradictions, ils montrent un Andy Warhol jouant avec les médias, fuyant, manipulant et se défilant à loisir. Warhol enregistre fréquemment ces propres interviews et aime provoquer les journalistes.

Les séquences de déstabilisation sont drôlissimes : réponses monosyllabiques, contradictoires, absurdes. De son côté, Warhol ne répond pas aux provocations et ne cherche pas à imposer ses arguments. Je renvoie les passionnés d’histoire de l’art à l’analyse du début du livre. De mon côté, j’ai voulu piocher quelques citations pour vous offrir un aperçu de l’ambiance.

« … je pense que les gens qui viennent voir l’exposition la comprennent bien mieux. Ils n’ont pas besoin de penser. Ils se contentent de voir les choses et ils les comprennent facilement. Et je crois que les gens en arrivent au point où ils ne veulent plus penser, et c’est beaucoup plus facile. »

« Je préférerais rester un mystère, je n’ai jamais aimé évoquer mon passé et, de toute façon, je le transforme chaque fois qu’on m’interroge. Ce n’est pas que ça fasse partie de mon personnage de ne pas tout dire, mais j’oublie ce que j’ai dit la veille et je dois tout recommencer. »

« Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, contentez-vous de regarder à la surface de mes peintures et de mes films et de ma personne, c’est là que je suis. Il n’y a rien derrière. »

« Quand je lis les magazines, je me contente des images et je ne lis généralement pas les textes. Les mots n’ont pas de sens, je perçois seulement leurs formes avec mes yeux et, d’ailleurs, je me suis rendu compte que si vous regardez quelque chose assez longtemps, toute signification disparaît ».

« Les interviews, c’est comme s’asseoir dans une de ces machines Ford à l’Exposition universelle qui vous baladent pendant qu’on vous sert un commentaire. J’ai toujours l’impression que mes paroles viennent de derrière mon dos, pas de moi. L’interviewer devrait juste me donner les paroles qu’il veut m’entendre dire, et je les répéterais après lui. »

« Si j’avais su que l’art était aussi simple, je m’y serais probablement mis, au lieu de faire de la publicité, mais j’aime la publicité. »


Citations extraites de "Andy Warhol Entretiens 1962/1987" édition établie par Kenneth Goldsmith, traduite et préfacée par Alain Cueff, Editions Grasset


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