8 mai 2007

Mouches et peaux-rouges: Gavrix face aux délires des publicitares

En me baladant aujourd’hui, je me retrouve nez-à-papier avec une magnifique affiche, véritable délire publicitaire d’un stagiaire pubeux et obsessionnel. Cette vision m’ayant paralysé sur le moment, j’en reste bouche bée et ne manifeste aucune réaction perceptible, à part une surprise intérieure. Ai-je réellement vu ce que j’ai vu ?

Plus tard dans la journée, au gré d’une immersion fortuite dans la presse française, je revois cette fameuse publicité. Une créature ahurie me toise avec son œil aguicheur, sa splendide tignasse jaune paille et un magnifique tatouage représentant un vieux monsieur aux intentions troubles. A cet instant, je crois toujours qu’il s’agit d’une publicité pour une cure de désintoxication, un service d’escort-girls ou un service de psychiatrie. Jusqu’à ce que j’aperçoive le logo d’une franchise de coiffure connue. Des éléments de compréhension se mettent alors peu à peu en place dans mon esprit.

Le concepteur de l’affiche a manifestement souhaité offrir une métaphore visuelle sur le thème « Franck Provost, je l’ai dans la peau ». Cette interprétation maladroite et très directe du brief créatif suscite comme un malaise chez les consommateurs passifs que nous sommes. L’effet tatouage de camionneur sur délicate épaule dénudée fait frissonner. Un coup d’œil au slogan « coiffeur officiel des femmes » met en marche mon imagination débridée. J’imagine Franck Provost avec un fer chauffé à blanc, marquant de pauvres femmes alignées en rang, qui chassent les mouches à coup de chevelure. « Marquage officiel de bétail ». Puis, je l’entends susurrer des incantations à l’oreille des victimes assommées : « Tu n’iras point voir Jacques (Dessange) ou Jean-Louis (David). Désormais tu m’appartiens. »

A propos de mouches, il semblerait que l'invasion provienne de l'agence créative, puisqu’on se demande laquelle d’entre elles a piqué non seulement le stagiaire, mais aussi le directeur artistique, le graphiste et le client. Soupirs….

Sinon, continuant mon incursion ponctuelle dans le monde des médias, je zappote tranquillement lorsque je tombe sur les Guignols de l’info sur Canal+. Apparaît à la fin du générique, un mini-spot de Keljob.com, site de recherche d’emploi et sponsor du programme. L’ayant vu d’un œil distrait, je vais m’efforcer d’en résumer la substance, sachant qu’il était question de profiter du thème de l’élection présidentielle et de l’usage possible du mot candidat. La description. Des figurines humanoïdes représentant des candidats à l’embauche se détachent en ombres chinoises sur un fond vert. Une à une, elles sont rabattues telles des cibles d’un stand de tir. L’avant dernière préfère s’enfuir avant de d'être éliminée, laissant la dernière figurine triomphante représentant certainement le candidat retenu pour un job potentiel. L’ensemble étant chapeauté par un iroquois, logo de Keljob.com.

Ai beaucoup apprécié cette vision guerrière de la sélection à distance. Je dis bravo et me demande combien a exigé Tarantino pour concevoir ce chef d'oeuvre de l'animation. Cette violence ironique sied à merveille à un portail de l’emploi.

A bientôt pour de nouveaux grommellements.

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très juste analyse et critique, on a matière a refaire parler Bourdieu et son analyse des symboles sur les masses. Les deux symboliques sous-jacentes font froid dans le dos. Plus encore, le manque de discernement de toute la chaîne de décision, du créatif jusqu'au client, effraye. Un grommellement dans le mille. Rachetons les fers à friser de nos grand-mères, et faisons l'iroquois frisé aux publicitaires narcoleptiques !!!! Grommellement à lire ces billets toniques et inspirés, j'attends la suite avec éructation

Anonyme a dit…

"J’imagine Franck Provost avec un fer chauffé à blanc, marquant de pauvres femmes alignées en rang"

...j'adore :-D

Gavrix a dit…

n'ayons pas peur des images choc ;-)