11 mars 2007

Inland Empire: vaudeville monstrueux ou simple film expérimental?

Et voila ! Gavrix s’est enfin décidée à aller voir Inland Empire de David Lynch. Pourquoi un tel retard alors que le film est sorti il y a plus d’un mois, direz-vous ? Et bien, figurez-vous que trouver trois heures de disponibles dans un agenda de blogueur n’est pas chose aisée. Mais, sachant que la dernière œuvre cinématographique de Lynch perdrait de son attrait en DVD, Gavrix s’est armée de courage et a franchi glorieusement les portes du cinéma. Notons au passage qu’en ramenant le prix du ticket de cinéma à l’heure, ce film s’avère être une véritable affaire.

Voilà Gavrix armée de son cornet de pop-corn installée dans la salle, prête à savourer ce film innovant et différent (nous avait-on promis). Premier constat, la première heure du film ne se prête pas à une consommation de pop-corn. Trop de temps morts, trop de silences. Le film démarre effectivement en douceur, l’histoire s’installe, les choses sont assez claires. Il est question d’une actrice, incarnée par Laura Dern, qui décroche un rôle dans un remake de film, qui n’a jamais pu être tourné auparavant car les deux acteurs principaux ont été assassinés pendant le tournage. On apprend également que l’actrice a des rapports particuliers avec son mari. A ce stade, je vous ai tout raconté car la suite du film (les deux heures suivantes) part dans un délire tortueux, dans lequel les scènes s’enchaînent, assemblés par un vague lien visuel, très souvent représenté par une porte. En gros, lorsque Nikki (Laura Dern) passe une porte et la referme, elle se retrouve dans un nouvel univers. Inland Empire prend la forme d’un labyrinthe sinueux introverti truffé de portraits de femmes (dont Laura Dern interprète plusieurs), jouant sur des décalages spatio-temporels. On se laisse facilement absorber par cette procession de scènes jusqu’à la fin du film. Sur le blog officiel du film, on apprend que les scènes ont été tournées au jour le jour. Lynch mettait en scène ses idées au fur et à mesure, pour les lier entre elles à la fin. Le tournage s’est ainsi déroulé de manière sporadique sur trois ans. Au final, c’est bien ce que l’on ressent, le résultat est exactement conforme au processus… Le spectateur voit un assemblage de scènes. L’ensemble est peu cohérent et déçoit de la part du réalisateur de « Mulholland Drive ». D’ailleurs, le jeu des acteurs semble en avoir souffert. Ils apparaissent hagards, déstabilisés, inquiets et n’arrivent pas à enrichir leur palette d’interprétation.

Qu’en est il des images ? Le blog officiel nous apprend que David Lynch s’est vraiment amusé en découvrant la vidéo numérique. Dés lors, Gavrix s’est naïvement attendu à vivre une expérience visuelle novatrice, un bouleversement de la perception et une révolution du cinéma. En réalité, le film était un concentré d’images floues, surexposées, tremblantes et mal cadrées. Assurément, David Lynch s’est refusé de tourner en HD. D’après lui, le futur du cinéma se trouve sur l’Ipod et les vidéos en ligne. Il en a logiquement conclu que la haute définition n’était pas indispensable. A l’exception près que son film est diffusé dans les cinémas traditionnels et que nos pauvres rétines sont bien obligées d’encaisser le choc en temps réel.

Bon, Gavrix s’est habituée aux images en se disant que les effets visuels stupéfiants qui suivraient allaient la récompenser pour ses souffrances. La aussi, elle a été déçue. Lynch a peut être vaguement utilisé un effet fish eye (en réalité il a simplement filmé les acteurs en très gros plan), quelques surexpositions insupportables et c’est tout. Pas d’accélérations, pas de distorsions, pas d’images de synthèse. La génération « MTV-Youtube » reste sur sa faim. Les quelques emprunts aux films d’horreur font sourire et les scènes de violence sont conventionnelles.

Enfin, celui qui a vu Mulholland Drive se souviendra de la sensualité avec laquelle le réalisateur avait su dépeindre ses héroïnes. Ses portraits étaient de véritables chef-d’œuvres du cinéma. Dans Inland Empire, les femmes sont laides et vulgaires. La vision d’une Laura Dern en gros plan, au rouge à lèvre baveux, boutons et rides exposés est purement angoissante. Les images de jeunes prostituées, dont l’une nous étale son sein dénudé complètement hors de propos, sont peu ragoûtantes. Alors vaudeville monstrueux ou film expérimental?

Au bout de trois heures, Gavrix est ressortie de la salle chancelant de fatigue (impossible de dormir en douce à cause du crépitement d’images surexposées sur fond de petits cris stridents) et se demandant s’il y avait encore un espoir de voir émerger des films créatifs et innovants. Que le lecteur ne se méprenne pas, Inland Empire est intéressant et Gavrix adore les intrigues sinueuses. Mais là où David Lynch prétend bouleverser le milieu du cinéma, Gavrix ne voit qu’une tentative ratée de promouvoir le film d’auteur.

Grommellements

Gavrix

2 commentaires:

Anonyme a dit…

comment taire le Schmoutzgloub de Lynch, ce nouveau concept décrit ici avec la sincérité du popcorn et la rétine éreintée ? Le grommellement de Gavrix devrait vous suffire pour attendre sagement la re-sortie de la WII de Nintendo pour vous adonner à des formes enfin ludiques d'expériences visuelles. Si Pretend Desire vous tente néanmoins, gardez le mot de Gavrix pour la faim, grommellement pourrait être le titre d'une bande son vrombissant lentement. Les hannetons ont vraiment agonisé.

Court a dit…

Bonjour

De passage sur Booster et...

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